Les Canadiens et la classe sociale : malgré leur conviction profonde que le Canada est une méritocratie, une majorité relative de répondants affirment tout de même appartenir à la même classe sociale que leurs parents.

Peu de gens croient que la classe sociale est un facteur de réussite important, mais deux répondants sur cinq estiment que leur statut reste le même, d’une génération à l’autre.
Le 21 septembre 2023 – Le Canada n’est pas vraiment un pays qui vient en tête lorsqu’on pense au concept hiérarchique des classes sociales, mais il est tout de même touché par la répartition de plus en plus inégale de la richesse dans le monde, un phénomène que l’on observe depuis plusieurs décennies.
Une nouvelle étude de l’Institut Angus Reid, en collaboration avec le département de sociologie de l’Université de l’Alberta, explore les inégalités sociales et celles liées à la classe par le biais d’une enquête approfondie menée auprès de plus de 8000 Canadiens.
De manière générale, les Canadiens estiment appartenir à la classe moyenne (42 %). Près d’un répondant sur cinq affirme plutôt être de classe ouvrière (17 %), ou encore de classe moyenne inférieure (17 %) ou moyenne supérieure (17 %). Six pour cent se décrivent comme étant d’une classe inférieure ou pauvre. Le groupe comprenant le moins de répondants est celui de la classe supérieure, avec moins d’un pour cent. Si vous souhaitez voir comment vous vous situez dans le spectre des cours, cliquez ici pour répondre au quiz en ligne.
Les données démontrent que la plupart des Canadiens n’entretiennent que des liens faibles (40 %) envers leur classe sociale, ou qu’ils n’ont aucun attachement (34 %). Peu de répondants (7 %) croient que ce statut est un facteur important pour leur succès personnel. Au contraire, une majorité de Canadiens croient plutôt que les éléments typiques d’un système méritocratique, soit le travail acharné (59 %), l’éducation (58 %) et l’ambition (51 %), ont beaucoup plus de chances de les conduire à la réussite sociale au pays.
Malgré cela, la place des Canadiens sur l’échelle sociale s’aligne avec certains indicateurs de succès plus traditionnels. Les Canadiens affirmant appartenir à une classe moins élevée sont généralement moins scolarisés, possèdent un revenu plus faible et sont également moins souvent propriétaires que ceux qui estiment appartenir à une classe supérieure. Les Canadiens de classe pauvre sont moins satisfaits lorsqu’il est question de leur accès à des soins de santé (45 %) et à de l’éducation de qualité (64 %) que la moyenne (57 % et 81 %, respectivement). Ils sont également plus pessimistes face à leur avenir (61 % contre 36 %).
De plus, selon ces données, une majorité relative de Canadiens croient appartenir à la même classe sociale que leurs parents (42 %). Le tiers (35 %) pensent plutôt appartenir à une classe supérieure et le quart (23 %) affirment avoir dégringolé dans l’échelle sociale.
Lorsqu’un Canadien change de classe sociale par rapport à celle de ses parents, cette expérience joue un rôle dans sa perception de ce qu’il faut pour réussir dans la vie. Comparativement aux répondants ayant une classe inférieure à celle de leurs parents, ceux qui se sont élevés dans l’échelle sociale sont davantage portés à dire que le travail acharné (63 % contre 52 %), l’éducation (62 % vs 54 %) et l’ambition (57 % vs 44 %) sont nécessaires à la réussite individuelle au Canada. À l’inverse, ceux qui ont une classe sociale inférieure à celle de leurs parents sont plus susceptibles de croire que les contacts sociaux (40 % vs 29 %) et la classe sociale (10 % vs 5 %) sont des facteurs importants.
Autres conclusions principales :
- Les Canadiens de classe ouvrière (35 %) ou de classe supérieure/moyenne supérieure (35 %) sont ceux qui possèdent l’attachement le plus fort envers leur identité de classe. Cependant, cette opinion est tout de même minoritaire.
- Les habitants de la Saskatchewan (26 %) s’identifient plus souvent à la classe ouvrière que les répondants des autres régions du pays. Une majorité relative de répondants, toutes provinces confondues, estiment appartenir à la classe moyenne.
- Les Canadiens qui affirment que leurs parents sont de classe pauvre affirment moins souvent qu’on leur a lu des histoires lorsqu’ils étaient enfants (31 % contre 53 % pour la moyenne), qu’ils ont grandi dans un quartier sûr (41 % vs 74 %) ou qu’ils sont allés régulièrement chez le médecin et le dentiste pendant leur enfance (39 % vs 70 %).
- Quant aux Canadiens ayant grandi au sein d’un foyer de classe supérieure/moyenne supérieure, ils sont beaucoup plus portés à dire que, lorsqu’ils étaient enfants, leur famille présumait déjà qu’ils iraient à l’université (72 % vs 51 % pour la moyenne des répondants). De plus, ils affirment plus souvent être partis en vacances à l’extérieur du Canada pendant leur enfance (35 % vs 60 %) et avoir ouvert un compte de fonds communs de placement, un REEE ou un CELI avant l’âge de 18 ans (25 % vs 13 %).
À propos d’ARI
L’Institut Angus Reid (ARI) a été fondé en octobre 2014 par le Dr. Angus Reid, enquêteur et sociologue. ARI est une fondation de recherche nationale sur l’opinion publique sans but lucratif et non partisane, créée afin de faire progresser l’éducation par la commission, la réalisation et la diffusion de données statistiques impartiales et accessibles au public, d’enquêtes et d’analyse des politiques sur des sujets tels l’économie, les sciences politiques, la philanthropie, l’administration publique, les affaires domestiques et internationales, ainsi que d’autres enjeux socioéconomiques importants au Canada et à son peuple.
À propos du département de sociologie de l’Université de l’Alberta
Le département de sociologie de l’Université de l’Alberta (U of A) est l’un des départements de sociologie les plus interdisciplinaires au Canada, où les membres du corps enseignant et les étudiants de cycle supérieur s’investissent dans un large éventail de recherches académiques novatrices et passionnantes.
Ces résultats proviennent de l’étude The Great Canadian Class Study (GCCS), dirigée par les Dr Maroto, BayatRizi et Durou de l’Université de l’Alberta. La GCCS présente une étude approfondie des classes et inégalités sociales au Canada, la première en son genre depuis plusieurs années, en analysant plusieurs types de données. L’objectif général de ce projet est de mieux comprendre le rôle des classes sociales dans la vie des Canadiens, de savoir comment différents groupes de gens perçoivent le concept de classe sociale et de découvrir comment cette identité entre en relation avec d’autres aspects de la vie quotidienne.
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